Né à Saint-Lin des Laurentides en 1938, Pierre Deslongchamps a tout d'abord enseigné les sciences pendant un an dans une école secondaire de Baie-Comeau. En 1961, sa carrière connût un tournant décisif : John Kallos, du St. Mary's Hospital de Montréal, le persuada de venir l'aider dans ses recherches. Deux ans plus tard, il s'inscrivit au programme de doctorat de l'Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton, l'une des meilleures écoles de chimie organique du Canada à l'époque. Il entreprit par la suite des études postdoctorales à Harvard, travaillant sur la synthèse de la vitamine B12 sous la direction du réputé R.B. Woodward. Ce dernier a d'ailleurs reçu le prix Nobel de chimie en 1967 pour l'ensemble de ses travaux en synthèse organique.
Après Harvard, Pierre Deslongchamps souhaita revenir au Québec et devint professeur à l'Université de Montréal. Un an plus tard, en 1967, le défi de la jeune Université de Sherbrooke l'attira dans les Cantons de l'Est où il s'installa pour de bon, refusant même une offre d'enseigner au célèbre Massachusetts Institute of Technology (M.1.1) de Boston.
En 1979, avec son équipe de l'Université de Sherbrooke, Pierre Deslongchamps réalisait la synthèse d'une des molécules les plus complexes jamais reconstituées, le ryanodol. Il s'agissait là de recherche fondamentale, car cet insecticide n'a plus de valeur commerciale en raison de sa grande toxicité. Quelques années plus tard,il effectuait la synthèse d'une autre molécule complexe, l'érythromycine A, un antibiotique. Dans les deux cas, son tour de force a été de simplifier la démarche, de réduire le nombre d'étapes à franchir pour obtenir le produit final. Cette innovation pourrait un jour révolutionner l'industrie pharmaceutique et celle de la chimie fine, puisqu'elle permet d'accélérer le processus de la recherche.
Au cours de ses expériences, Pierre Deslongchamps a élaboré la théorie du contrôle stéréoélectronique, en vertu de laquelle l'orientation des paires d'électrons qui forment les liens dans une molécule détermine la forme que prend celle-ci de même que sa réactivité chimique. Cette théorie permet de prédire comment une molécule se transformera lors d'une réaction chimique donnée. C'est précisément cette faculté de trouver l'approche la plus simple et la plus générale possible qui caractérise ce chercheur.
Il a reçu le prix scientifique du Québec (prix Marie-Victorin), la médaille d'or en sciences et en génie du Canada (CRSNGC), et des doctorats honoris causa des universités Pierre et Marie Curie (Paris), Bishop (Lennoxville), Laval (Québec), Moncton (N.-B.), Montréal et Nouveau-Brunswick (N.-B.). Il a été élu membre de la Société royale de Londres (FRS) et de l'Académie des Sciences de Paris.
Depuis sa nomination, Pierre Deslongchamps a développé deux nouvelles stratégies générales pour opérer la synthèse des classes de molécules polycycliques naturelles et non naturelles. La première est fondée sur la réaction de Diels-Alder transannulaire et la deuxième, sur un nouveau processus de polycyclisation anionique découvert dans son laboratoire. L'ouvrage qu'il a publié à la suite de ses recherches sur la théorie du contrôle stéréoélectronique en chimie organique est devenu un classique du domaine.
Le professeur Deslongchamps a été président-fondateur de NéoKimia inc. (1998), maintenant connue sous le nom de Tranzyme Pharma inc., une société de biotechnologie pour la découverte de nouveaux médicaments. Il a été boursier des fondations américaines A.-P.-Sloan et John-Simon-Guggenheim, ainsi que de la fondation commémorative Izaak-Walton-Killam.
(Mis à jour en mai 2007)
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