Née à Montréal en 1923, Thérèse Gouin Décarie a été professeure au département de psychologie de l'Université de Montréal. Dès les années 1950, elle était l'une des grandes responsables de l'introduction - dans les milieux scientifiques québécois et nord-américains - de la théorie du grand épistémologue Jean Piaget. Elle avait surtout contribué à l'élargissement et à la précision des idées piagétiennes en les soumettant à quantité d'études rigoureuses et en les confrontant à une autre dimension cruciale du développement de l'enfant : l'affectivité. Elle avait, en effet, été la première à faire le lien expérimentalement entre les théories de Piaget sur le développement cognitif du jeune enfant et les hypothèses de Freud sur le développement affectif au début de la vie. Son premier volume Intelligence et affectivité chez le jeune enfant est devenu un classique et a été traduit en plusieurs langues.
En 1962, quand la découverte des effets du thalidomide a bouleversé la société, Thérèse Gouin Décarie a été appelée à évaluer une trentaine de jeunes enfants hospitalisés à l'Institut de réadaptation, souffrant de malformations congénitales liées à ce médicament. Ses travaux sur le développement tant mental qu'affectif de ces enfants avaient reçu la même reconnaissance internationale que ses recherches plus fondamentales en psychologie génétique.
Dès 1980, Thérèse Gouin Décarie avait poursuivi, avec sa collaboratrice immédiate, Marcelle Ricard, des travaux sur les origines de la socialisation pour comprendre comment l'intelligence et l'affectivité en se développant permettent au nouveau-né, dans les termes de Konrad Lorenz, « de se joindre définitivement à la race humaine ». Comme universitaire, elle avait aussi œuvré au sein de nombreuses instances administratives dont le Conseil des universités du Québec, le Conseil de l'Université de Montréal et la Commission de vérification de l'évaluation des programmes de la CREPUQ.
Par ailleurs, Thérèse Gouin Décarie avait été professeure émérite au département de psychologie de l'Université de Montréal. Elle avait reçu plusieurs distinctions. Première femme francophone à siéger au Conseil national de recherches du Canada, elle a aussi été la première femme à avoir reçu une médaille de l'Acfas, soit le prix Marcel-Vincent en 1986. Elle était membre de la Société royale du Canada, officière de l'Ordre du Canada, fellow à vie de la Société canadienne de psychologie et Distinguished Fellow de l'International Society of Infant Studies. Elle était également titulaire d'un doctorat honorifique de l'Université d'Ottawa (1981), récipiendaire du Prix Léon-Gérin (1988) et de la médaille Innis-Gérin de la Société Royale (1991).
Thérèse Gouin Décarie avait reçu deux doctorats honorifiques, l'un de l'Université Concordia, en 1994, et l'autre de l'Université de Moncton en 1996, ainsi que la médaille du Centre d'excellence pour le développement du jeune enfant en 2004.
Elle avait été membre du Conseil de l'Ordre national du Québec de 1994 à 2000 et de 2002 à 2003.
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