Jacques Languirand s’était illustré à la radio et à la télévision, tout comme au théâtre et au cinéma. Cet autodidacte et touche-à-tout d’exception, militant à ses heures, a marqué le paysage intellectuel et culturel du Québec. Il s’est imposé comme l’une des grandes pointures canadiennes du théâtre, dans les années 1950 et 1960, notamment avec Les grands départs, l’une des pièces les plus admirables du répertoire québécois. Mais, pour beaucoup de ses contemporains, son nom reste rattaché à l’émission radiophonique Par 4 chemins, qu’il anima quotidiennement, puis hebdomadairement, pendant plus de quarante ans, la ponctuant de son rire caractéristique. Par ailleurs, il enseigna l’art de communiquer, à l’Université McGill, pendant douze ans, dont huit à titre de professeur, bien qu’il n’ait été titulaire d’aucun diplôme universitaire.
M. Languirand naquit, en 1931, à Montréal. Il y fréquenta l’externat classique Sainte-Croix, le collège Sainte-Marie et le collège de Saint-Laurent, établissement où il côtoya Les Compagnons de Saint-Laurent, la troupe théâtrale du père Émile Legault.
En 1949, après avoir travaillé au Savoy café, dans la métropole québécoise, il partit pour la Ville Lumière, espérant y devenir comédien. Assez tôt, il décrocha un emploi de chroniqueur à la Radiodiffusion-télévision française (RTF). Néanmoins, il se forma à l’art dramatique auprès d’Étienne Ducroux, de Michel Vitold et de l’équipe du Théâtre de l’atelier. En 1953, atteint d’une pleurésie, il dut revenir au Québec, sans jamais avoir eu, en quatre ans, l’occasion de jouer sur scène. Dès juillet de la même année, il entra au service international de Radio-Canada. Au printemps 1954, il regagna Paris et œuvra pour un producteur de films.
De retour au pays, en 1955, il se consacra au théâtre. Il allait être, à la fois ou successivement : auteur dramatique; metteur en scène; comédien; cofondateur du théâtre de Dix heures, en 1956, fondateur de la Compagnie Jacques-Languirand, en 1957, et cofondateur du Centre culturel du Vieux-Montréal, en 1966 (ce lieu novateur de création, inauguré en 1967, a presque sitôt cessé ses activités); secrétaire général de la Comédie-canadienne, en 1958 et 1959, ainsi que directeur adjoint du Théâtre du nouveau monde, de 1964 à 1966, et, enfin, professeur à l’École nationale de théâtre du Canada en 1971 et 1972. Il abandonna la dramaturgie, en 1970, pour ne la reprendre qu’en 2000, avec une dixième et avant-dernière pièce, Faust et les radicaux libres, suivie de Feedback en 2012. De plus, il fit, en 1993, un retour remarqué comme comédien dans trois pièces (Coriolan, Macbeth, La tempête) du cycle Shakespeare de Robert Lepage, O.Q.
En 1956, on le voyait, pour la première fois, au petit écran, et ce, comme chroniqueur, aux côtés de René Lévesque, G.O.Q., et de Judith Jasmin, à l’émission Carrefour de Radio-Canada. Ultérieurement, la télévision d’État a fait appel à lui pour d’autres émissions : Défense de stationner (animateur à l’été 1957), Monsieur Perplexe (animateur en 1957), Aujourd’hui (coanimateur en 1963), Virages (animateur en 1990 et 1991) et La bande des six (chroniqueur de 1990 à 1993).
En 1971, M. Languirand arriva à la barre de la nouvelle émission radiophonique Par 4 chemins, intellectuelle, éclectique et diffusée à Radio-Canada. En 2014, à 82 ans, il l’anima pour l’ultime fois, la maladie d’Alzheimer l’ayant poussé à quitter le micro. Il y livrait, sous une forme simplifiée et avec un regard pluridisciplinaire, ses découvertes et ses réflexions sur l’humain, sur les changements induits par la modernité ainsi que sur la spiritualité et la philosophie.
Surfant sur ses talents d’observateur et de vulgarisateur, ce communicateur à la culture encyclopédique publia des essais et des ouvrages ésotériques, dont, en corédaction, Réincarnation et karma (1984), Le Dieu cosmique : à la recherche du Dieu d’Einstein (2008) et L’héritage spirituel amérindien : le grand mystère (2009). Guide de conscience et défenseur de l’environnement, il a conduit un large public vers de nouvelles pensées ou de nouveaux comportements.
Enfin, M. Languirand joua comme acteur pour sept films québécois, en plus de figurer dans un documentaire.
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