Né à Lille en France, le 5 février 1910, Charles Philippe Leblond reçoit son diplôme en médecine de l'Université de Paris en 1934. Déjà à cette époque, il signe ses premières publications sur le rôle et la localisation de la vitamine C. En 1935, il reçoit une Bourse Rockefeller et séjourne deux ans aux États-Unis. Puis il rentre en France où il s'initie aux isotopes radioactifs, qu'il utilisera pour démontrer que l'iode est capté par la glande thyroïde. Il s'intéresse également au marquage des cellules avec des isotopes radioactifs. Placés en contact avec une plaque photographique qui réagit à leur action, les traceurs radioactifs apparaissent sur la photographie comme des granules d'argent noirs. On peut donc localiser au microscope ces « espions » après qu'ils ont pénétré dans certaines cellules.
Invité à l'Université McGill en 1941, Charles Philippe Leblond joint, au début de 1942, les Forces françaises libres. Il est d'abord envoyé au Brésil puis, deux ans plus tard, à Londres où il est affecté à la sélection des officiers. À son retour à McGill en 1946, son collègue Léonard Bélanger et lui-même mettent au point la radioautographie, une méthode permettant de localiser les radio-éléments à l'aide du microscope. En appliquant l'émulsion photographique directement sur une coupe d'organes, les deux chercheurs obtiennent enfin l'image précise qui permet de suivre, à la trace, les cellules marquées par la radioactivité, de visualiser les étapes de leur transformation dans le temps et d'en mesurer la vitesse et la durée. Bientôt reconnue comme une technique très prometteuse, l'on vient de partout pour s'initier à la radioautographie avec le docteur Leblond. Instrument ayant servi à d'innombrables découvertes, cette technique a révolutionné la biologie cellulaire en permettant aux chercheurs du monde entier de visualiser et de mesurer rigoureusement la dynamique cellulaire que l'histologie traditionnelle n'avait même pas soupçonnée.
Peu importe où ils se trouvent à travers le monde, les pairs du docteur Leblond lui sont reconnaissants d'avoir ouvert des horizons imprévus et d'avoir suscité un intérêt renouvelé pour l'anatomie microscopique, ainsi que pour l'étude de la biologie. Ses propres recherches, trop nombreuses pour les citer au complet, ont permis, notamment, d'élucider comment la glande thyroïde utilise l'iode pour élaborer son hormone, comment s'accroissent les os longs et comment se forment les dents. Parmi ses autres travaux, l'on retient la démonstration du mouvement des protéines à l'intérieur des nerfs, la formation des acides nucléiques au cœur de la cellule et le renouvellement des cellules des parois de l'estomac et de l'intestin. Autant de recherches, autant d'occasions d'acquérir des connaissances nouvelles, autant de premières sur le plan scientifique.
Âgé de 91 ans, le docteur Leblond n'en continue pas moins de manifester, avec vivacité, sa passion pour la biologie et d'exercer une influence toujours marquante. Depuis son laboratoire de l'Université McGill et en collaboration avec des chercheurs de l'hôpital Shriners, il poursuit ses travaux et continue d'en publier les résultats. Communicateur dynamique et passionné, Charles Philippe Leblond a signé 430 articles dans les revues internationales les plus prestigieuses. Promoteur du développement d'une politique scientifique au Québec et au Canada, il a été, pendant plus de 40 ans, un enseignant exceptionnel, un maître qui a attiré au Québec des étudiants de partout à travers le monde, dont plusieurs sont devenus à leur tour des chefs de file dans leur domaine et dans leurs pays respectifs.
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