Pendant quarante ans, Joseph Guanish fut chef des Naskapis. Ce petit peuple amérindien, sous la conduite de M. Guanish, s’est véritablement constitué sur le plan politique et a obtenu le pouvoir de se gouverner, ce qui lui a permis de créer les institutions et autres organes nécessaires à son épanouissement.
M. Guanish naquit à Wolf Lake, au Témiscamingue, en 1931. Avant la mi-vingtaine, il connut l’époque où les Naskapis, nomades, vivaient surtout de la chasse au caribou dans le nord du Québec. En 1956, il entra au service de l’Iron Ore Company of Canada, qui possédait alors des gisements de minerai de fer à Schefferville. Il allait travailler dans cette société minière jusqu’à ce que celle-ci cesse, en 1982, ses activités d’exploitation sur ce territoire.
Élu pour la première fois au conseil de bande naskapi*, au début des années 1960, M. Guanish en devint chef en 1968 pour le rester pendant vingt-sept ans. C’est lui qui signa, en 1978, au nom des siens, la Convention du Nord-Est québécois. En vertu de cet accord, les Naskapis ont été faits propriétaires intégraux d’un territoire de 326 km2 et usagers exclusifs d’un secteur de chasse, de pêche et de piégeage douze fois supérieur.
Dans les décennies 1990 et 2000, M. Guanish était actif au sein du conseil des aînés de la Nation naskapie de Kawawachikamach ainsi que du conseil d’administration de la Société de développement des Naskapis, dont l’un des objectifs est de préserver la langue naskapie. En 1994, la Société a publié le Lexique naskapi, un ouvrage trilingue pour lequel M. Guanish avait participé à la mise à jour après avoir collaboré de près à l’élaboration.
À l’aube de la décennie 2010, avec l’appui concret de la Société, Joseph Guanish donnait le coup d’envoi décisif à la production d’une version naskapie de la Bible, une idée qu’il avait mise de l’avant une vingtaine d’années auparavant. En 2017, son petit-fils Kabimbetas Noah Mokoush faisait partie du groupe de traductrices et traducteurs engagés pour transposer les textes bibliques anglais dans la langue naskapie.
* En 1956, les Naskapis, qui étaient alors regroupés à Fort-Chimo, ont migré en bloc aux environs immédiats de Schefferville. En 1971, la bande des Naskapis de Schefferville a été créée par décret en vertu de la Loi sur les Indiens. En 1984, la Bande Naskapi du Québec a été instituée conformément à la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec, supplantant ainsi le nom de Naskapis de Schefferville. En 1999, la bande prit officiellement le nom de Nation naskapie de Kawawachikamach à la suite d’une décision du conseil de bande remontant à 1996. En 2017, les Naskapis étaient moins d’un millier, avec un seul village au Québec, Kawawachikamach, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Schefferville. La population parle le naskapi, l’anglais lui servant de langue seconde.
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