Géographe, Louis-Edmond Hamelin s’est surtout illustré comme spécialiste des régions boréales et de leurs populations. Il a été l’un des premiers intellectuels canadiens à porter un regard pénétrant sur le nord, pour expliquer les liens entre les gens, les lieux et les espaces. Il a aussi été l’un des rares à se pencher sur le rapport particulier qui s’est établi entre le territoire circumpolaire et les Autochtones, dont il s’est fait, par ailleurs, le défenseur des droits. Homme de terrain, il a parcouru, en tous les sens, les zones arctiques et subarctiques, du Nord québécois à la Sibérie intérieure. Partisan et artisan d’une « géographie totale », ce professeur émérite s’est intéressé à presque tous les aspects de la géographie, allant de la géographie physique à la géographie humaine, en passant par la façon dont se combinent et se modulent ces dernières. Des préoccupations langagières ont accompagné toute son œuvre. Il a créé quelque six cents termes, dont certains ont été adoptés officiellement; par exemple glaciel et nordicité.
M. Hamelin naquit à Saint-Didace en 1923. Après avoir suivi des études chez les Clercs de Saint-Viateur, pendant huit ans, il obtint un baccalauréat ès arts de l’Université de Montréal, en 1945, et une maîtrise en économique de l’Université Laval en 1948. Puis, il partit pour la France, s’étant inscrit à l’Institut de géographie alpine de Grenoble. Sur deux ans (1949 et 1950), il prépara quatre certificats d’études supérieures (en géographie générale, en géographie régionale, en histoire et en droit). En 1951, il se vit décerner un doctorat dit « d’université » en géomorphologie.
La même année s’est amorcé pour lui un assez long segment de carrière, à l’Université Laval, où il a intégré le corps professoral.
De 1954 à 1955, il y fut secrétaire de l’Institut d’histoire et de géographie et, de 1955 à 1961, directeur de l’Institut de géographie, une unité alors largement autonome issue de la scission de l’Institut d’histoire et de géographie.
En 1961, il prit la tête du Centre d’études nordiques, pluridisciplinaire et nouvellement fondé par l’Université Laval, avec le concours du gouvernement provincial. Jusqu’à 1972, il le dirigea, avec cependant deux années d’intérim (1964 et 1969) assurées respectivement par Roger Bergeron et Henri Dorion. Le gros de son parcours scientifique s’y est déroulé.
Entretemps, de 1967 à 1980, il assura la codirection et la corédaction de la collection Géographie contemporaine, des Éditions du renouveau pédagogique, laquelle comprend douze titres, dont Atlas du monde contemporain.
En 1971, le gouvernement du Canada l’a choisi pour siéger au Conseil des Territoires du Nord-Ouest, soit à l’époque où s’engageait une réflexion sur la forme de gouvernement territorial à privilégier. Au cours de son mandat de cinq ans, M. Hamelin en est venu à préconiser l’élection d’une assemblée et à pencher pour un processus en deux temps (autonomie, puis autodétermination). Il a aussi vivement encouragé les groupes autochtones des Territoires du Nord-Ouest à s’investir en politique et à se faire entendre quant à leurs droits constitutionnels et individuels.
En 1975, il décrocha un doctorat d’État de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Sa thèse s’intitulait Perspectives géographiques de la nordicité : Nord canadien et nouveau Québec.
De 1978 à 1983, M. Hamelin occupa le poste de recteur à l’Université du Québec à Trois-Rivières et délaissa donc, à l’Université Laval, ses activités d’enseignement.
En 1985, il prit officiellement sa retraite.
En 1989, il reçut une maîtrise en linguistique de l’Université Laval. Il avait d’ailleurs consacré une bonne part de sa carrière à étudier des milliers d’expressions (termes et toponymes). On lui doit la trilogie Le Québec par des mots, à savoir trois répertoires lexicaux sous-titrés respectivement Le rang des campagnes (2000), L’hiver et le Nord (2002) et Les Laurentides (2003), par lesquels il brosse un large portrait géoculturel du Québec.
De 1991 à 1996, il fit partie du comité d’environnement d’Hydro-Québec.
Du reste, M. Hamelin a publié deux ouvrages majeurs : Nordicité canadienne (1975, revue et corrigée en 1995) et Le rang d’habitat – le réel et l’imaginaire (1993), un essai qui réunit plusieurs années de recherche.
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