L'Ordre national du Québec - Honneur au peuple du Québec - La plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec.

Jean Vanier (1928 – 2019)

Grand officier (1992)

Commandeur de la Légion d’honneur et l’un des rares lauréats du prix Paul VI, Jean Vanier a su porter un message de solidarité et d’ouverture envers les handicaps. Sur six décennies, il était le défenseur des personnes marginalisées par une déficience, auprès desquelles il a vécu plus de cinquante ans. Ce grand humaniste a été à l’origine de trois organisations d’envergure : L’Arche, Foi et lumière, ainsi qu’Intercordia.

M. Vanier naquit à Genève, en Suisse, en 1928. Il a passé une bonne partie de son enfance au Royaume-Uni, pays où travaillait son père, Georges (gouverneur général du Canada de 1959 à 1967). En 1942, il entra à l’école navale de Dartmouth, soit le Britannia Royal Navy College. En 1945, il en sortit officier. En 1950, il choisit de démissionner de la Marine royale du Canada, avec pourtant une belle carrière entamée. Il quitta donc le porte-avion NCSM Magnificent, pour amorcer un long cheminement spirituel. Les années suivantes ont été pour lui une quête de sens et d’approfondissement de sa foi chrétienne.

Pendant six ans, M. Vanier était membre, puis directeur, de L’Eau vive, une communauté laïque située près de Paris et réputée pour son centre de formation théologique. En 1962, il obtint un doctorat en philosophie de l’Institut catholique de Paris.

En 1963, il partit à Trosly-Breuil, toujours en France, pour aider le père Thomas Philippe, l’aumônier du Val fleuri, un organisme qui accompagnait alors une trentaine d’hommes avec une déficience intellectuelle. Après avoir épaulé le religieux quelques mois, il regagna le Canada, où il devait assurer un cycle d’enseignement au Saint Michael’s College de Toronto.

Sitôt son cycle terminé, en 1964, il retourna à Trosly-Breuil et se porta acquéreur d’une maison, qu’il baptisa affectueusement L’Arche. Il se donna pour mission d’y accueillir, dans un milieu à dimension humaine, des personnes qui présentaient des troubles développementaux ou cognitifs. Dans ce modeste foyer, il ne tarda pas à héberger ses premiers pensionnaires : deux handicapés intellectuels rencontrés dans un établissement psychiatrique parisien. Petit à petit, des jeunes de divers pays, qui séjournaient sur place ou à proximité, se sont joints à lui, en nombre croissant, pour seconder ses efforts d’humanisation. La petite communauté ainsi formée de Trosly-Breuil a constitué le noyau de la future grande organisation œcuménique de L’Arche.

Cette organisation a connu un essor assez rapide, en France et dans le reste du monde, en accueillant en communauté des gens de multiples croyances et cultures, et ce, jusqu’à former la Fédération internationale des communautés de L’Arche. Jusqu’à la fin des années 1970, M. Vanier est demeuré responsable de la communauté de Trosly-Breuil et de l’organisme.

En 1971, M. Vanier fonda, avec la Française Marie-Hélène Mathieu, Foi et lumière, un mouvement qui rassemblait des personnes (surtout des jeunes) en situation de handicap, leurs proches et leurs amis pour des temps de rencontre, de partage et de célébration dans un esprit chrétien.

En 2000, convaincu de l’importance des relations interculturelles, il créa, en collaboration avec, notamment, Robert Jeanteur, un industriel, Gilles Le Cardinal, un universitaire, et Tanneguy Le Pichon, un ancien général de corps d’armée, une association non confessionnelle et apolitique de solidarité internationale, Intercordia, qui avait son siège à Paris, tout comme Foi et lumière. Dès le départ, Intercordia visait à préparer et à accompagner de jeunes volontaires (18-30 ans) à la rencontre véritable de l’autre, dans des pays souvent éloignés aux sens concret et abstrait.

En 2019, au moment du décès de M. Vanier, l’organisation de L’Arche comptait, outre la communauté toujours en place de Trosly-Breuil, plus de 150 communautés réparties sur les cinq continents, dont une trentaine en France et tout autant au Canada. Plutôt que d’imposer une vie soumise aux impératifs de la médecine, cette association internationale propose aux personnes accueillies une vie simple et familiale, où la relation avec l’autre l’emporte sur les rapports de soins.

De surcroît, M. Vanier a suscité, par le succès et la formule des retraites ouvertes à toutes et à tous, qu’il animait en Ontario et au Québec, l’émergence, au début des années 1970, du mouvement nord-américain de prière Foi et partage.

Par ailleurs, il a produit, sa vie durant, des ouvrages où il livrait ses riches réflexions ainsi que ses précieux enseignements inspirés par les communautés de L’Arche, de puissants leviers de métamorphose humaine tant pour les personnes accueillies et aidées que pour ceux et celles qui les accueillaient et les aidaient.

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