Réjean Ducharme s’était illustré comme romancier, dramaturge, scénariste et parolier. Parfois considéré comme le « J. D. Salinger canadien », il a recherché l’anonymat durant la quasi-totalité de sa vie exceptionnelle d’artiste littéraire. Néanmoins, cet homme mystérieux a été le père spirituel d’une assez longue lignée de jeunes romanciers québécois, en raison, sans doute, de son langage inventif, distordu, évocateur et vivant (oscillant entre l’élégance classique de la langue et la verdeur du parler populaire), qui s’exprimait notamment à travers le prisme de la dérision, du désespoir et de la révolte juvénile contenue. Au moment de son décès, l’écrivain demeurait, pour beaucoup, énigmatique, complexe et insaisissable.
M. Ducharme naquit à Saint-Félix-de-Valois en 1941. Il fit ses études secondaires chez les clercs de Saint-Viateur, d’abord à Berthierville (au juvénat) et ensuite à Joliette. Puis, il fréquenta l’École polytechnique de Montréal pendant environ six mois, avant d’exercer divers métiers. En 1963, 1964 et 1965, il parcourut, en autostop, le Canada, les États-Unis et le Mexique. Après avoir ainsi voyagé, il se mit à l’écriture.
En 1966, il publia L’avalée des avalés chez Gallimard (pour le reste de sa carrière, il allait rester attaché exclusivement à cet éditeur français). Ce roman, son tout premier, a fait grand effet des deux côtés de l’Atlantique, à telle enseigne qu’il a été traduit en plusieurs langues. L’écrivain ne tarda à enchaîner avec un autre roman, Le nez qui voque (1967), suivi de L’océantume (1968), de La fille de Christophe Colomb (1969), de L’hiver de force (1973), des Enfantômes (1976), de Dévadé (1990), de Va savoir (1994) et de Gros mots (1999).
Il composa aussi des pièces de théâtre au langage aussi singulier que celui de ses romans, lesquelles ont été adoptées d’emblée par le milieu québécois : Le Cid maghané (1968), Prenez-nous et aimez-nous (1968, ultérieurement reprise et publiée sous le titre Ines Pérée et Inat Tendu), Le marquis qui perdit (1969), HA ha!… (1978).
De plus, il rédigea le scénario du long métrage Les bons débarras, tourné en 1978, puis celui d’un autre film dramatique du réalisateur Francis Mankiewicz, Les beaux souvenirs, présenté pour la première fois en 1981, à Montréal.
En outre, principalement dans les années 1970, il écrivit, en conservant un profil incognito, les paroles de nombreuses chansons pour Pauline Julien, C.Q., et, surtout, Robert Charlebois, O.Q., entre autres, Faut qu’ça change, Heureux en amour, J’t’haïs, Mon pays ce n'est pas un pays c’est une job et Le violent seul.
Enfin, pour gagner sa vie, M. Ducharme s’était fait, étonnamment, chauffeur de taxi, correcteur d’épreuves et sculpteur. Il ne faisait pas d’apparition publique lors du dévoilement de ses sculptures, qu’il signait du nom de Roch Plante. Il les composait à partir de rebuts qu’il trouvait en déambulant dans les rues de Montréal. Ses collages ou montages sculpturaux, qu’il réalisa essentiellement de 1985 à 1993, ont été exposés, avec un certain succès, dans les galeries d’art de la métropole québécoise.
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