Thérèse Gouin Décarie, figure de proue en psychologie génétique ici comme à l'étranger, s'est éteinte le mois dernier. L'officière, qui a été la première femme francophone à siéger au Conseil national de recherches du Canada, a été l'une des grandes responsables de l'introduction - dans les milieux scientifiques québécois et nord-américains - de la théorie de l'épistémologue Jean Piaget. Elle avait grandement contribué à élargir et à préciser les idées de ce dernier en les soumettant à des études nombreuses et approfondies ainsi qu'en les confrontant à une autre dimension cruciale du développement de l'enfant : l'affectivité. Les travaux de la chercheuse portaient principalement sur les origines de la socialisation, ainsi que les liens entre l'intelligence et l'affectivité. Elle a été la première à faire le lien expérimentalement entre les théories de Piaget sur le développement cognitif du jeune enfant et les hypothèses de Freud sur le développement affectif au début de la vie. Parmi les nombreux travaux de cette professeure émérite de l'Université de Montréal, il faut absolument mentionner ceux réalisés dans la foulée de la découverte des effets du thalidomide sur les nouveau-nés. Elle a évalué de jeunes enfants souffrant de malformations en s'intéressant au développement tant mental qu'affectif de ces jeunes patients. Ces recherches avaient valu à Mme Gouin Décarie une reconnaissance à l'échelle planétaire. Parmi les nombreux prix reçus, mentionnons une médaille de l'Acfas, soit le prix Marcel-Vincent. Elle avait également été faite membre de la Société royale du Canada ainsi qu'officière de l'Ordre du Canada.
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