Née à Saint-Cyprien de Napierville le 21 octobre 1913, membre d'une famille de sept enfants, elle devint orpheline à l'âge de 9 ans lorsque sa mère décéda à 42 ans. Elle compléta sa huitième année au Couvent des soeurs de Napierville. Adélard Grégoire, son père, fut pour elle un modèle. Cultivateur, ancien maire de Napierville, il continua seul à élever sa famille et soutint sa fille qui, elle-même, devint veuve à 38 ans et dut continuer seule à élever sa famille de dix enfants. Lorsque son mari Armand Rémillard décéda accidentellement en 1952, le couple tenait un magasin général à Saint-Valentin et avait une ferme à Saint-Paul de l'Île aux Noix. À cette époque, elle ne put bénéficier d'aide sociale financière. Une travailleuse sociale de l'évêché de Saint-Jean, jugeant sa tâche trop lourde de continuer à élever seule sa famille sans soutien financier, lui offrit de « placer ses enfants » chez des cultivateurs. Ils avaient sous-estimé le courage de cette femme qui, voulant garder ses enfants ensemble, continua à tenir le magasin général sept jours sur sept.
Elle fit instruire ses enfants, tant les garçons (5) que les filles (5). Même seule, elle demeurait à l'avant-garde et insistait pour les maintenir au collège ou au couvent. Manquant de ressources financières, elle fut parmi les premiers à envoyer ses enfants à l'école publique Champlain Central School dans l'Etat de New York. Les religieuses du couvent privé de Champlain dans l'État de New York lui avaient suggéré de continuer à envoyer ses enfants à l'école publique qui venait d'être bâtie dans la ville de Champlain et qui pouvait accepter des étudiants québécois en attendant d'être remplie par leurs propres concitoyens. Ayant acquis une automobile, elle fermait le magasin et conduisait, à une époque, six de ses enfants, chaque matin durant l'année scolaire. Les clients du magasin « attendaient qu'elle revienne ».
Aujourd'hui encore, elle jouit d'une bonne santé. Elle est encore propriétaire de sa ferme à Saint-Paul de 1'Île aux Noix. L'édifice du magasin, l'ancien hôtel Le Grand Tronc de Stottsville devenu Saint-Valentin, a été transformé en ébénisterie par un de ses fils, Louis, à qui elle l'a légué. Laure-Anna Grégoire a été, à sa manière, une héroïne du quotidien à une époque où les ressources se faisaient rares.
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