Raymond-Lévesque a laissé une forte empreinte dans le paysage culturel du Québec, avec, surtout, les chansons de son cru Les trottoirs, Quand les hommes vivront d’amour, Dans la tête des hommes et Bozo-les-culottes, sorties respectivement en 1954, 1956, 1965 et 1967. Il a su s’imposer comme artiste polyvalent, ayant été auteur-compositeur-interprète, pianiste, monologuiste, parodiste, poète, romancier, dramaturge et comédien. Il a créé plus de cinq cents chansons, cinq pièces de théâtre, une quarantaine de revues humoristiques, sept recueils de poésie, un recueil de lettres imaginaires humoristique, une autobiographie, D’ailleurs et d’ici (1987), trois récits (De voyages et d’orages [1990], Ketchup [1994], Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté [1997]) et un roman (Le p’tit Lalonde [2000]). Pendant les années 1960, 1970 et 1980, il a présenté, dans les cabarets de Montréal, nombre de spectacles où se mêlaient la chanson, la comédie et la satire politique.
M. Lévesque naquit à Montréal en 1928. Il quitta les bancs d’école à l’âge de 14 ans. Dans sa jeunesse, il a appris le piano, avant de suivre des études d’harmonie et d’art dramatique.
En 1944, il fut amené à jouer dans le radioroman Madeleine et Pierre.
À 15 ans, il se mit à écrire des chansons. Mais, il ne signa véritablement sa première, Vivre, qu’à l’aube de ses 19 ans. En 1947, il fut invité à chanter dans l’émission La boîte à chansons. En 1948, il remporta le concours radiophonique Les talents de chez nous. De 1949 à 1951, il était coanimateur de l’émission radiophonique Grand-maman Marie. Au cours de cette période, et un peu au-delà, il participait, comme animateur et chanteur, à des émissions qui passaient sur les ondes des stations montréalaises CKAC et CHLP. En 1952-1953, il animait l’émission télévisuelle de variétés Mes jeunes années.
À la fin des années 1940, il se joignit à Jacques Normand, au cabaret montréalais Au faisan doré, où il avait débuté comme garçon de table après avoir travaillé dans le même type d’emploi au CopaCabana. De 1951 à 1953, il se produisait aussi au cabaret Saint-Germain-des-Prés, situé non loin duFaisan doré. Dans l’intervalle, il participa à la fondation, avec Marcel Dubé, Guy Godin, Monique Miller et Robert Rivard, de la troupe de théâtre La jeune scène*.
Par la suite, avec la naissante télévision québécoise, il a fait partie de la distribution de La famille Plouffe, de Roger Lemelin, et de La feuille au vent.
En 1954, il traversa l’Atlantique. Il est resté à Paris presque cinq ans, chantant dans les cabarets et enregistrant quelques disques (un 78-tours et quatre 45-tours, dont celui de 1956, qui comportait le titre Quand les hommes vivront d’amour). Pendant son séjour en France, des deux côtés de l’océan, ses chansons ont été adoptées par divers artistes, dont Bourvil, Denise Filiatrault et Dominique Michel.
En 1959, de retour au Québec, il se lança, avec, notamment, Clémence Desrochers, Jean-Pierre Ferland, André Gagnon et Claude Léveillé, dans l’aventure des Bozos. Ce groupe, formé exclusivement d’auteurs-compositeurs-interprètes québécois, ouvrit, à Montréal, sur la rue Crescent, une boîte à chansons, Chez Bozo, ainsi nommée en l’honneur de la chanson Bozo de Félix Leclerc. Le petit établissement est rapidement devenu le rendez-vous des artistes locaux et des vedettes européennes de passage.
Dans la première moitié des années 1960, M. Lévesque figurait dans divers téléromans, dont De 9 à 5, écrit par Marcel Dubé. Il a également joué dans plusieurs pièces de M. Dubé, qui lui avait attribué le rôle principal, Médée, dans son œuvre du même nom.
À partir de 1968, poussé par Gilles Vigneault, il se mit à l’écriture littéraire. Il en vint à aborder les registres poétique, théâtral et romanesque.
En 1961, à Val-David, à la jeune boîte à chansons La Butte à Mathieu, M. Lévesque présenta la première des quelque quarante-cinq revues satiriques qu’il allait écrire, pour le lieu au devenir mythique, en l’espace de plus de vingt ans.
En 1977, il enregistra un dernier album, Le p’tit Québec de mon cœur, puis mit fin à son parcours de chansonnier.
En 1986, trop touché par la surdité, il abandonna la scène pour se consacrer à l’écriture.
* En 1953, Raymond Lévesque obtint le prix de la meilleure interprétation dramatique au Festival dramatique de l’ouest du Québec, pour avoir tenu le rôle de Moineau dans Zone, de Marcel Dubé.
Video
Search this site