Les recherches de Marie-Andrée Bertrand ont suivi trois axes majeurs : le rapport des femmes au droit pénal, la politique des drogues et, plus largement, les théories critiques liées au sexe, à la conscience de classe et à l’appartenance ethnique. Criminologue et professeure émérite, Marie-Andrée Bertrand a toujours montré un avant-gardisme intellectuel et un parti pris pour la justice qui ont précédé, voire porté de nombreuses avancées sociales et politiques du Québec et soutenu, de multiples façons, le cheminement de celui-ci vers la modernité et une plus grande équité citoyenne.
Marie-Andrée Bertrand est née à Montréal, en 1925. Titulaire d’une maîtrise en criminologie de l’Université de Montréal en 1963, elle est la première Québécoise et la première femme titulaire d’un doctorat en criminologie de l’Université de Californie, à Berkeley, en 1967.
De 1965 à 1997, Marie-Andrée Bertrand gravit tous les échelons de la carrière professorale à l’Université de Montréal. La première cause qui la mobilise est le traitement inique et discriminatoire des jeunes filles par les tribunaux de la jeunesse. Plus tard, elle étend à sept pays son étude comparative sur les rapports entre les femmes et le droit pénal. Son combat pour l’égalité des femmes en droit comme dans la vie politique, professionnelle et sociale durera plus de 40 ans. Formée à différents courants, elle développe, bien avant d’autres au Québec, une vision claire des inégalités de genre et de couleur. Cette vision, elle l’applique aux rapports entre le droit et les citoyens ainsi qu’aux relations entre les appareils d’État et les personnes, qu’il s’agisse des femmes, des Noirs ou des Arabes, peu importe également l’orientation sexuelle de ces personnes, leur métier ou profession (« travail du sexe »), leur consommation de drogues ou leurs activités criminelles.
Commissaire représentant le Québec à la Commission d’enquête sur l’usage des drogues à des fins non médicales, de 1969 à 1973, Marie-Andrée Bertrand formule alors des recommandations qui, même si elles ne sont pas suivies, auront un grand rayonnement et lui vaudront des invitations à enseigner ou à participer à des recherches dans plusieurs universités américaines et pays européens. Marie-Andrée Bertrand a porté les résultats de ses recherches sur la scène médiatique et écrit plusieurs articles, livres et chapitres de livres, dont La femme et le crime (1979) et Prisons pour femmes (1998). L’ouvrage Les femmes et la criminalité, publié à Montréal aux Éditions Athéna en 2003, fait état de recherches récentes sur l’évolution de la criminalité des femmes de 1971 à 2001 et de la réaction sociale à ce phénomène.
Madame Bertrand est membre du conseil consultatif de la Commission du droit du Canada. Elle a été, entre autres, présidente du Conseil québécois de recherche sociale et de la Fédération des professeurs d’université du Québec.
Marie-Andrée Bertrand a été nommée chevalier de l’Ordre de la Pléiade par l’Assemblée parlementaire de la Francophonie en 2001. Elle a reçu le prix Esdras-Minville de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1995), et le Club des journalistes l’a désignée Femme de l’année en 1974.
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